Aujourd’hui je vous embarque dans un roman de fantasy, Gagner la Guerre, de Philippe Jaworski, publié aux éditions Folio. En garde !
Dans ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski nous suivons les aventures de don Benvenuto, le maître espion du podestat de Ciudalia, soit de l’homme le plus puissant de la République. Le récit est raconté à la première personne avec une plume d’une habileté qui ferait presque naître des complexes à ma plume novice. Chaque page est une mine d’or stylistique, de phrases alambiquées et pourtant claires, d’un vocabulaire parfois ordurier et pourtant habillé d’une subtilité dévastatrice.
Don Benvenuto est parfaitement détestable et pourtant je me suis surprise à m’attacher à cette ordure dans les terribles épreuves qu’il traverse. Cette proximité qui peut s’instaurer entre le lecteur et le protagoniste est notamment due au choix de la première personne mais aussi et surtout à l’usage qui est fait de celle-ci : l’auteur ne se contente pas de raconter l’histoire au « je » mais la fait écrire par la plume de son personnage qui interpelle à plusieurs moment « son » lecteur. Jawoski s’efface ainsi derrière la plume de don Benvenuto qui se laisse emporter dans ses belles formules et le récit de ses aventures.
Le roman peut sembler décourageant de prime abord de par sa taille et sa densité. Il ne s’agit pas d’un de ces pavés qui ont tant d’allure dans une bibliothèque mais qui restent cependant écrits en une taille de police généreuse : les 978 pages sont bien remplies de belles phrases et d’informations. L’univers dans lequel se déroule l’intrique est très complexe et, dans la mesure où le protagoniste est impliqué dans des histoires politiques, celle-ci est largement développée ce qui peu perdre quelque peu le lecteur à certains moments. Mais rien d’insurmontable, il suffit de prendre son temps, et, croyez-moi, vous n’aurez de toute façon pas envie de lire ces pages à la va-vite.
Avertissement : le roman comporte des scènes de violence (gagner la guerre, ça sous-entend quand même qu’il y a de la guerre, n’est-ce pas?) et de viol.
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